Hypothèse théorique permettant de rendre compte des processus par lesquels une personne mobilise, sélectionne et combine de façon opportune et créative des éléments de l’environnement et des ressources internes pour agir en situation avec efficacité.
Il existe plus de 100 définitions de la compétence. Chacune d’elles dépend du point de vue de son auteur, du champ disciplinaire et conceptuel où il exerce sa réflexion… voire de son intérêt économique.
La définition ci-dessus oriente nécessairement la pratique pédagogique.
Une construction en situation
Définir la compétence comme une hypothèse théorique nous permet d’indiquer qu’elle n’est pas un objet directement observable. Il s’agit d’une représentation mentale, inférée à partir du résultat constaté de l’activité d’une personne : on suppose l’existence d’une combinaison opérationnelle de ressources propres à la personne et à la situation, que l’on appelle compétence et qui a généré ce résultat.
Ainsi, la compétence n’est ni une qualité, ni une ressource a priori de la personne. C’est une construction en situation.
Une construction dynamique
Rapporter la compétence aux processus par lesquels une personne mobilise, sélectionne et combine de façon opportune et créative divers éléments et ressources permet d’en faire valoir l’aspect dynamique. Cette dynamique peut être alternativement déterminée ou non par un but. Elle est transversale, car faisant appel en permanence à des ressources variées, appartenant à un ensemble non limité. Elle est opportune et créative car réorientée en permanence en fonction des résultats transitoires obtenus. Le résultat final n’est donc pas prédictible.
C’est pourquoi l’exercice de la compétence ne peut jamais se réduire à l’exécution stricte d’une procédure.
Une construction interactive
En liant la compétence à des éléments de l’environnement et à des ressources internes, nous soulignons que l’exercice de la compétence n’incombe pas uniquement à la personne mais résulte d’un couplage actif entre elle et l’environnement. La personne est ici considérée dans sa globalité, avec ses ressources propres des domaines cognitif, émotionnel, corporel et motivationnel … qui interfèrent sans cesse entre eux et avec l’environnement, lui-même acteur.
Une construction observable
Prendre en compte la notion d’efficacité introduite dans la définition impose également réflexion. En effet :
- l’efficacité est susceptible d’être constatée par soi-même ou par les autres ;
- elle pose la question des effets et de la façon de les apprécier en ayant recours ou non à des critères ;
- elle pose la question des attendus (par qui ? par quoi ?) eux-mêmes à définir ;
- elle pose la question du statut accordé aux effets émergents (non prévus), en renvoyant, par exemple, aux notions d’innovation, de découverte ou d’invention… parfois sans rapport avec les buts initiaux poursuivis.
En conséquence de tout cela, servir l’intention de développer des compétences pour agir en situation avec efficacité suppose à la fois de penser les situations de formation dans lesquelles elles pourront s’exercer et d’envisager le lien avec d’autres situations, au-delà de la formation.
En guise de résumé (forcément réducteur), nous proposons une scénarisation de mise en jeu des éléments contributifs de la compétence :
Ce que fait la personne quand elle « performe »
Les sollicitations externes à la personne lui font mobiliser des ressources internes relevant des dimensions corporelle, émotionnelle, motivationnelle ou cognitive.
De la combinaison de ces ressources émerge une représentation de la situation et de la performance visée.
Toujours en lien avec la combinaison des ressources internes, la représentation génère une stratégie (planification des actions). La lecture dynamique de l’environnement fait également apparaître des opportunités dont la prise en compte nourrit l’action. Le résultat final est matérialisé par la performance, résultat observable (et parfois mesurable), d’où la compétence peut être inférée.
Représentation, stratégie, action et performance sont des productions évolutives du fait des interactions constantes entre la personne et l’environnement. Celles-ci entraînent une re-combinaison et une transformation permanentes des ressources de la personne, une modification de l’environnement en vue d’une performance…
Source : Guide compétences clés, https://guidecompetencescles.scola.ac-paris.fr